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Ciel de feu
Je surveille les prévisions météo depuis plusieurs jours et ce mercredi est prometteur. Début de matinée. je prends la route pour le Menez Hom. 9h, je passe St Brieuc et je traîne à rentrer plus dans les terres, au fond de la baie le ciel s'allume déjà. Je roule lentement tout en faisant des incartades visuelles vers ce ciel de plus en plus attirant. 9h30/10h,je viens de passer Lanfains,J'arrive à Corlay où le ciel s'installe en rues et elles me semblent dans un pur axe N/S.
Le dilemme est trop fort. Pourquoi aller au Menez avec un plafond limité à 750m ? alors que Plouezec est un des rares sites Bretons où la dérive nous laisse dans un des derniers espace de classe E. ça bouillonne sous mon crâne, j'envoie des sms tout azimut. Manu me répond que ça vole déjà à St Pabu, Sylvain touche du NO (chez lui à Yvias,je le saurai plus tard).Phiphi m'envoie une réponse suggestive: "- Réfléchi en terme de bilan carbone !". Ma décision est prise... Je bifurque vers Plouezec. Si en plus c'est pour la planète !
Un travers rabat-joie
Arrivé sur site je ne suis pas seul, Sylvain a envoyé une alerte-météo et nous sommes 6 pilotes en manque de grands vols. Personnellement je n'ai pas pris de thermique consistant depuis septembre, je ne sais comment je vais gérer.
Mais redescendons sur terre, nous sommes à Plouezec, charmant site de bord de mer et le vent est ONO, donc gros travers gauche. Mauvaise pioche ? J'en ai l'impression mais le ciel est prometteur quand même. J'attends tranquillement au déco en compagnie de mes joyeux acolytes. Sylvain vole 3/4 d'heure, Patrice et Gilles 1 font deux ploufs améliorés, mais c'est mou et vraiment travers.
le créneau
13h30, tout le monde est de retour au déco et Vincent est venu renforcer l'équipe de bras cassés que nous sommes. Certains pensent déjà se rabattre sur le fond de baie pour un vol soaring mais j'y crois encore, des bouffées mieux orientées me confortent. Je m'installe dans ma sellette tout en discutant avec Peter. Il n'y crois plus trop en regardant la brise qui semble arriver derrière Bréhat. Quand un coup de mou se fait sentir Peter me met la puce à l'oreille en parlant de la"bascule" et peut-être que ce mou c'est le météo qui laisse la place à la brise. Effectivement, J'ai l'aile au dessus de la tête et je touche un vent plus axé mélangé à des vrais bulles. Tanpis pour la bière que me tend Gilles 1, la tentation du vol est plus forte.
Un cross envoûtant
Je ne me suis pas trompé,c'est le bon créneau. Rapidement je joue au dessus du déco et c'est l'effervescence. Sylvain est le premier à me rejoindre suivi de Vincent et les autres. ça fait 5 min que j'ai décollé et déjà j'enroule sans partir, histoire d'élargir le périmètre et prendre mes marques. 2 ou 3 tours avec Vincent et je vois Sylvain qui décale déjà,il n'a pas 5 min de volqu'il est déjà 150m au dessus de Plouezec !
Je préfère assurer un tout petit peu plus et je me décale lentement en passant de bullettes en bullettes. Au dessus du village je stagne un peu mais ça pête de partout et je monte vers 450m, à ce petit jeu là, j'ai gagné 150m.
Ce n'est pas encore du tout cuit. J'ai vu Sylvain partir ventre à terre vers Lanloup et il trouve une faible ascendance,je me vois déjà batailler. Le temps que je transite il a pris une centaine de mètre et je l'appelle en radio pour savoir où il a touché son thermique, la dérive étant indécise. Devant, derrière le vallon de Bréhec ? La réponse je l'aurais avant qu'il ne puisse me répondre, quand je tape dans un mur avant le vallon. Je remonte de 180 à 600m mais ça s'essouffle déjà. Il faut que je me recadre vers les terres. ily a un bon nuage sous lequel Sylvain enroule mais ce n'est pas mon axe, je dois faire le choix de quitter ce thermique qui subit les assauts de la brise pour la perspective de taper un point de déclenchement supposé. L'espèce de serre artisanale derrière la mare à canard elle-même derrière un bosquet serai un bon endroit. Finalement je trouve l'ascendance principale vers là et c'est parti pour un tour de manège jusqu'à plus de 1000m. Arrivé aux barbulles je fais un point, Sylvain a déjà un bon thermique d'avance et il passe Lanvollon à 1200m. Météo-parapente prévoyait 700m sur les côtes, 1000m sur une bande de 10 Km environ et on touche déjà les 1100m, correct. Lanvollon, je fait 1130m dans les barbulles, mon plaf'.
L'erreur payée cash
Je sors de mon plaf' et je ne distingue plus Sylvain (il pousse le barreau de sa Delta 2), je laisse "flotter" mon aile mais elle m'amène de nouveau vers la baie. Je la laisse faire un peu mais ça se "lave" vers le fond de baie, puis je change de fusil d'épaule en forçant le cap à la sellette uniquement pour ainsi dire. L'erreur est faite, mon cap me mène tout droit au dessus du bois de Plélo, je risque d'arrivé bas derrière et il ne semble rien avoir devant. Mon seul espoir est de toucher le coteau du vallon de Trégomeur mais c'est trop loin. Je dois me résigner à poser à l'entrée du hameau de la Corderie.
Vingt minutes aprèsavoir posé j'appelle Sylvain qui aborde déjà Quintin, il posera au sud de Pontivy après 85 Km et un plaf' à 1400m.
Chapeau l'artiste !!!
Conclusion, 21 Km d'un vol mémorable. Pas évident, qui se mérite mais tellement captivant.
la trace
