Pour un premier plaf'
Huit heure dimanche 14 mai, Stéphane passe me prendre, je pousse sa glacière pour charger mon gros sac. Non, on ne part pas en pique-nique et de toute façon le temps ne s'y prête pas pour le moment. Direction Clécy !
Je me suis fais un point météo la veille au soir et j'ai consulté Mr Météo (le Dré) qui est sur place puis j'ai croisé avec d'autres prévis dont celles de Hervé qui ne comprend pas trop qu'on ailles à Clécy car pour lui ça va être venté. Avec Steph on roule d'abord derrière la pluie mais quand on aborde le Cotentin on la rattrape. Un doute s'installe. La petite ondée ressemble à un gros grain. J'appelle le Dré qui nous confirme sur place être sous un bon gros grain. Il est 9h30, la plaine est trempée.
Arrivé sur place on retrouve le Dré et ses collègues pilotes: y a compet' aujourd'hui, et Eric qui vient tâter du thermique Normand. Pas de précipitation, il est 10h30 rien n'est fait et le ciel se dégage. Ca laisse le temps à Steph de se familiariser un peu plus avec ce site qu'il n'a abordé qu'une fois. On déconne en regardant les bâches à "thermiculture", on parapapote... Il n'est pas 11h et l'école débarque ses élèves, super des fusibles ! Un piou-piou puis deux puis... le moniteur à une première hésitation avant de changer pour le déco Ouest. De mon côté je n'hésite pas et je propose à Stéph de décaler, Eric nous emboîte le pas.
J'explique à Steph les quelques subtilités du déco Ouest et on se prépare de crainte que le vent ne devienne trop fort. Steph est prêt dans les premiers. De mon côté je ne me précipite pas trop, les conditions peinent à s'installer. Ca me permet de me mettre en condition.
En discutant avec Eric et Steph on a défini à la louche les objectifs de chacun. Eric, s'il en a l'occasion partirai bien en cross et comme il ne connait pas le site il nous verrai bien crosser ensemble. Steph quand à lui est là pour se familiariser avec les thermiques de plaine, un plaf' au nuage serai un bon objectif mais prendre 200/300m serai déjà bien. Moi dans tout ça je suis venu pour me remettre dans le bain des thermiques de plaine et inscrire ma première CFD de la saison.
Des promesses
Steph est dans les premiers à décoller, au gonflage il est surpris de la difficulté à gérer tangage et roulis mais s'y adapte très vite. Les conditions sont optimum pour se mettre en jambes et plus tard dans son vol les conditions vont s'installer et il devrait être dans de bonnes conditions pour profiter des thermiques, avant que le vent ne se renforce tel que c'est prévu. Eric a déjà décollé lui aussi et je traîne un peu à observer comment s'installe les conditions. Pour le moment c'est très cyclique et ça tient petit dans la pente puis rapidement mes acolytes passent au dessus de la pente et ont des vélléités d'enrouler, je me prépare. Déjà les cycles sont plus puissants. Je décolle en plein cycle et je pars rejoindre mes petits copains de vol. Très tôt j'enroule mais les thermiques sont anémiques et s'essoufflent, beaucoup d'humidité à résorber. Vingt minutes, une demi-heure passent et déjà les conditions sont plus établies. Maintenant je redescends rarement en dessous des 300m. D'ici j'observe les ailes qui commencent à prendre du tangage, ça pète bien et je suis en train de regarder Steph dans ce chaudron qui s'en sort pas trop mal, il semble s'être acclimaté. Quant à moi, de mon balcon je reviens vers le déco Sud où je vois quelques ailes prendre de bons thermiques mais en raison du vent Ouest j'ai du mal à croire que c'est de là bas que ça va sortir. Je pars m'attarder à gauche du déco Ouest et c'est bien là que je prendrai mon thermique.
Une fois, deux fois à 500m puis je remonte dans la vallée et c'est vers 400m/450m que je trouve mon thermique qui me monte jusqu'à 1000m avec du +3 m/s enroulé sur deux ou trois tours vers le plaf'. Je viens me caler en limite bordure au soleil et limite sombre dans les barbulles. J'annonce à la radio le plafond du moment, ça peut intéresser du monde comme l'organisation de la compet' par exemple. En retour c'est la voix d'Eric qui me répond paisiblement: "Lolo ! Je suis derrière toi ! J'arriiiive !" Je regarde dans l'axe du déco et je ne repère pas son aile mais vu que je suis bien calé sous mon nuage je me mets en attente. Moi qui pensait attendre une dizaine de minutes je vois Eric s'extraire comme un bouchon de champagne. C'est encore plus impressionnant une extraction de là haut. Cool ! je vais avoir un copain de cross ! cette fois-çi les radios ne sont pas utiles et c'est en se hurlant dessus que l'on décide de crosser ensemble.
Pas si vite !
Eric m'expliquera plus tard qu'il n'est pas très patient et je m'en aperçois rapidement. A peine arrivé au plaf' il décale. En d'autres jours ça aurai été judicieux mais aujourd'hui je crains que les conditions ne s'installent que vraiment plus tard, notre plaf' étant à 1000m alors qu'il est annoncé à 1600m vers 16h. Mais impossible de retenir le chien fou et finalement il a prouvé encore récemment qu'il sait voler.
par contre, je le vois partir sur une dérive que je n'ai encore jamais pratiqué à Clécy, il part dans le prolongement de la vallée vers Pont D'Ouilly. Un temps je pense lui signaler que ce n'est pas la meilleur option mais c'est moi qui lui ai dit que l'on devrait changer de rue dès maintenant pour éviter de se retrouver trop enclaver à l'approche de Falaise. Donc, le garçon c'est exécuté ! Finalement, pendant que j'estime l'endroit le plus propice où raccrocher, je vois Eric cibler directement sous la partie la plus sombre. Sera-ce la bonne option ? Moi j'aurai un temps de retard et je cible plus en avant du nuage en jugeant de la dérive de celui-çi car si je cible le même endroit que Eric je risque d'arriver trop tard. je transite encore que je vois Eric s'extraire, c'est tout bon pour lui et je ne suis pas encore arrivé à lui que je trouve une ascendance, j'ai bon aussi ! Cette fois-çi c'est Eric qui m'attend au nuage. Je suis rassuré pour la suite du vol. On va prospecter large mais on va bien s'entendre.
La traversée vers Falaise est laborieuse mais je m'y attendais un peu. Ce à quoi je m'attendais moi c'était la difficulté pour passer Falaise. Normalement quand on aborde Falaise par son Sud, on traverse Falaise par le Sud (ou mieux par dessus) et on raccroche derrière en cas de point bas mais là ce n'est pas la même histoire. Eric aborde Falaise frontalement, ne trouve rien et moi je scrute le ciel mais rien d'intéressant non plus au Sud où le ciel s'éteint. On commence à être bas et l'option qui me reste c'est de décaler vers la zone commerciale au NO. On trouve un petit quelque chose qui nous permet de traverser Falaise mais rien de très consistant. Si peu consistant que Eric, à peine en finesse des champs derrière la ville, part chercher de meilleurs hospices sous le vent de Falaise. il n'y trouve pas grand chose. C'est la troisième fois que je temporise lors de ce vol, ça commence à traîner cette histoire et quand je regarde le ciel au dessus de nos têtes le ciel se délie alors que les gros cumulus partent derrière les éoliennes qui elles tournent plein Ouest.
Eric, impatient tente l'option de traverser vers une tête de cumulus qui se forme hors de notre dérive mais il n'y arrivera pas et posera dans son fameux champ de colza géant. Moi, je continue à jouer la carte de la temporisation. j'ai trouvé une petite masse d'air qui porte et j'espère qu'elle va s'activer mais trop c'est trop et malgré qu'elle décale un peu je n'arrive pas à gagner de l'altitude. J'aperçois un hameau, je tente le coup de me placer derrière mais rien non plus. je pose au kilomètre 30. Je suis déjà très satisfait.
Tout le monde à gagné !
Au beau milieu de ma Pampa Normande je commence à plier et se pose la question de la récup' Mais le doute est de courte durée. Dix minutes après, Steph m'envoie un sms pour me dire qu'il vient de poser derrière le déco. Deux bonnes nouvelles: primo, il devrait pouvoir nous récupérer. Secundo, s'il a posé "derrière" le déco c'est qu'il a surement pris plus que ses 200/300m qu'il espérait prendre. Quand je l'appelle pour me positionner il me dis seulement :"je t'expliquerai ! Mais c'était top !"
On passe récupérer Eric, on reviens sur le site où Steph se refera un petit vol en local, histoire de se faire brasser dans la pente, cette fois çi.
C'est lors du débrief couleur locale, c'est à dire en terrasse au bord de l'Orne, que Steph nous explique son premier plaf' ) 980m en plaine et ses sensations sous le nuage. Ravi le garçon ! Eric, qui lui découvre le site, fait un cross que le quatre-cinquième des compétiteurs n'ont pas pu faire avec un plafond à 1600m pour certains (les turnpoints leurs ont joué des tours, il faut l'admettre) et moi je me fais un "classico" Falaise en volant serein, bien sous mon aile... Tout le monde est content.
le vol 3 D sous Doarama
vidéo faite par Eric